Après avoir longtemps pratiqué le tuba en solo, 
Carl Ludwig Hübsch a fait l’expérience de la collectivité aux côtés de musiciens tels que 
Lester Bowie, 
Arthur Blythe ou 
Paul Lovens. Suivant leur exemple, il a même entrepris de mener un trio particulier (tuba, trombone, saxophone), dont le deuxième album retourne et interroge de façon personnelle l’affirmation historique d’
Ornette Coleman : 
This is Our Music.
Is This Our Music?, donc. Titre déroutant pour deux raisons : d’abord parce qu’il rassemble 10 morceaux écrits par 
Hübsch lui-même et 1 air traditionnel ; ensuite parce que ces interprétations évoquent étrangement l’univers des musiques improvisées : des fulgurances expérimentales dispersées en autant de 
Fragment aux constructions à degrés telles que 
NGC 2265, où l’on soupçonne l’insertion de longues plages de liberté, grâce auxquelles le trio évoque un 
Paul Rutherford égaré parmi les notations d’une œuvre de 
Berio.
Respectant celles d’
Hübsch, le saxophoniste 
Matthias Schubert et le tromboniste 
Walter Wierbos sont invités parfois à servir en compagnie du tuba une musique à l’exigence moins rigoureuse. Le temps d’un swing lascif (
NGC 2270 Terrier) ou de deux retours à la mélodie, mélancolique (
El Eterno) ou réjoui (
Al Kaphra), évoquant l’un et l’autre le faste doux-amer des compositions que 
Rota destinait à Fellini.
Ainsi, en réponse à la question qu’ils se sont eux-mêmes posée, les trois musiciens présentent un mélange réussi de références toujours exigeantes, qu’elles se raccrochent aux branches de la musique contemporaine, du jazz, des bandes originales de films, ou fleurent le recours à l’improvisation. Qu’importe alors que cette musique leur appartienne ou non, puisqu’elle est convaincante. 
	
	
		Chroniqué par 
		Grisli		
		le 21/03/2006